JE SOUFFRE D'UNE TENDINITE AU COUDE, DE QUOI S'AGIT-IL ?

II s'agit d'une usure des tendons qui se fixent sur une petite boule osseuse externe du coude appelée épicondyle. Il en résulte un état inflammatoire du tendon, à l'origine de la douleur qui augmente lorsque les muscles sont utilisés.

Le tendon, constitué de fibres, relie le muscle à l'os et permet le mouvement de l'articulation. Lors de mouvements répétés, frottement du tendon contre l'os peut provoquer des micro-arrachements par l'usure de quelques fibres.

Quels sont les signes ?

L'installation de la douleur est lente et progressive, au début rythmé par l'activité physique puis, peu à peu, ne cédant plus au repos. Chaque mouvement, même très simple, réveille la douleur.

Cette dernière peut irradier vers la main et quelquefois, vers I'épaule. La douleur est localisée sur la boule osseuse, la face externe du coude (dans le creux), plus intense lorsqu'on appuie dessus ou que l'on sert le poing avec le bras tendu.
La préhension grossière est affectée particulièrement lorsque le mouvement exige de la force. Tenir une tasse de café, tourner une poignée de porte ou donner une poignée de main peuvent donc être douloureux et difficiles à accomplir puisque ces activités sollicitent la stabilisation du poignet par ces
tendons. II en résulte une faiblesse du poignet, une douleur dans l'avant-bras et une difficulté à étendre complètement le coude.

Les tendons responsables de I'épicondylite permettent surtout l'extension du poignet et des doigts et le mouvement de serrage (la supination). Le diagnostic est facilement posé par votre médecin qui cherche à reproduire la douleur lors de la contraction contrariée des tendons endommagés.

QUI EST CONCERNÉ ?

Le pic de fréquence de cette pathologie se situe entre I'âge de 35 et de 55 ans, mais toute personne plus jeune ou plus âgée peut être concernée, homme ou femme.

Les métiers qui exigent des tâches répétitives, impliquant les doigts, le poignet ou l'avant-bras, sont particulièrement à risque et notamment les peintres en bâtiment, les plombiers, les charpentiers et couvreurs, les bouchers ou les cuisiniers.
Il en est de même pour les musiciens et les professions nécessitant un usage excessif de la souris d'ordinateur.

Chez le joueur de tennis, la cause peut être dans l'équipement, comme un cordage trop serré, une poignée trop petite, des balles humides ou lourdes. D'autres sports exposent à cette pathologie comme le squash, hand-ball, le golf et le bowling.

Par ailleurs, la pratique intensive d'un loisir (bricolage ou jardinage) peut provoquer une épicondylite.

QUELS SONT LES EXAMENS UTILES ?

Le diagnostic d'épicondylite est un diagnostic essentiellement clinique. Toutefois, il est possible de demander :

1. Une radiographie standard du coude : son intérêt est de rechercher d'autres maladies comme I'arthrose ou la présence d'un corps étranger infra articulaire. Dans les anciennes épicondylites, elle peut montrer des calcifications au niveau de I'épicondyle.

2. Une échographie permet de confirmer le diagnostic.

3. L'RM va confirmer la présence d'inflammation au niveau des tendons. Elle est parfois source d'inquiétude en montrant des tendons fissurés ou rompus alors que cela n'a pas d'incidence pour le traitement.

4. L'EMG est parfois discuté quand les symptômes évoquent une compression d'une branche nerveuse. Il est demandé, lorsque la douleur prédomine la nuit et au repos et s'accompagne de fourmillements au dos du poignet.

QUE FAIRE ?

1. Modifications des activités :

Au début, l'activité en cause doit être limitée, voire arrêtée pendant un mois, sans pour autant être complètement au repos.

Chez le joueur de tennis, la modification de raquette permet dans un certain nombre de cas de poursuivre le sport. Le jeu à deux mains est un palliatif souvent peu confortable.

 

2. Étirement musculaire :

Allongez le bras devant vous pour que le coude soit complètement déplié tout au long du mouvement. Pliez la main vers le bas tout en fermant le poing, jusqu'à ce qu'un étirement soit ressenti dans I'avant-bras. Aidez-vous de l'autre main pour accentuer la fermeture du poing. Tenez ainsi 30 secondes et répétez trois fois en alternant à chaque fois une minute de repos.

Cet étirement est à réaliser quatre fois par jour, tous les jours.

COMMENT TRAITE-T-ON L'EPICONDYLITE ?

Le traitement est souvent long et incomplètement efficace. On distingue :

1. Médicaments : les antalgiques et les anti-inflammatoires aident à soulager la douleur.

2. Attelle : il s'agit d'une attelle maintenant le poignet en extension pour détendre les muscles épicondyliens.

3. Infiltrations : une infiltration de cortisone est souvent nécessaire afin de calmer les douleurs. Le résultat de lnfilfration est jugé après un mois, car le produit a un effet retard. ll est préférable de ne pas faire plus de trois injections.

4. Rééducation : le role du kinésithérapeute est essentiel par la réalisation de massages transverses profonds. Ils sont effectués perpendiculairement aux tendons. L'effet escompte est d'activer la circulation locale et de réduire inflammation.

L'acupuncture, l'ostéopathie, I'homéopathie, les ondes de choc et la mésothérapie donnent des résultats inconstants.

L'INTERVENTION CHIRURGICALE

Mon attitude est de réserver l'intervention aux cas rebelles aux traitements cités, dont les symptômes datent de plus de six mois.

L'anesthésie est loco-régionale dans la majorité des cas (seul le bras est endormi). Un garrot est posé en dessous de l'épaule. ll sert à arrêter la circulation du sang et me permettre de voir précisément ce que je fais pendant l'operation.

L'incision est effectuée sur le côté du coude, je repère le tendon en cause et je le coupe de son attache sur la boule osseuse (épicondyle). 

La face profonde du tendon est exposée et la partie endommagée est retirée. Le tendon est ensuite suturé avec un effet d'allongement. Même s'il n'est plus attaché à l'os, votre tendon reste fonctionnel, car je le fixe aux tendons voisins. Un drain, c'est-à-dire un tuyau permettant d'aspirer le sang, est laissé en place pendant un ou deux jours. La peau est suturée par un sûr jet intradermique, c'est-à-dire dans son épaisseur et au fil non résorbable afin de limiter la visibilité de la cicatrice. L'intervention dure en moyenne 30 minutes.

Après l’opération, un pansement stérile est mis en place qui sera changé par une infirmière tous les trois jours. L’immobilisation post opératoire se fait pendant trois semaines, dans une attelle en résine, avant de débuter la rééducation et la mobilisation progressive.

La reprise du travail survient en général après trois à six mois, et cela, en fonction de votre profession, une activité de bureau pouvant être plus précoce. Les activités sportives débutent progressivement après le troisième mois. Les douleurs s’estompent progressivement sur plusieurs mois, un délai de 6 à 9 mois n’étant pas exceptionnel.

La chirurgie n’est pas toujours à 100% efficace. Son objectif est de soulager 70% à 80% la douleur.

LA PRÉVENTION

Pour prévenir l’épicondylite, il est nécessaire d’éviter les facteurs pouvant entraîner une inflammation des tendons, à savoir l’absence d’échauffement ou d’étirements dans le cadre de sollicitations importantes, des mouvements répétés ou des traumatismes.

Chez le sportif, il faut conseiller d’être vigilant en ce qui concerne le matériel, la technique, éviter notamment de travailler de manière intensive des coups tels que le revers, de jouer de manière intensive après une simple reprise. La pratique de la natation est un excellent programme pour récupérer l’équilibre fonctionnel du membre supérieur.

Chez le travailleur manuel, la reprise de l’activité doit se faire en concertation avec le médecin du travail, parfois dans le cadre d’un poste aménagé, en évitant les mouvements de vissage et le port d’objets à bout de bras.

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