Rupture de coiffe des rotateurs
L’épaule est une articulation très sollicitée par de nombreux gestes du quotidien (manger, s’habiller, se coiffer…) mais aussi à soulever des charges considérables et à exécuter des mouvements répétitifs. Elle nous permet aussi de faire des mouvements de grande ampleur. La magie de cette articulation repose essentiellement sur ses tendons qui lui permettent de bouger et qui la couvrent comme une « coiffe ». D’où l’appellation des tendons de l’épaule : la coiffe des rotateurs.
POURQUOI Y A T-IL
DÉCHIRURE ?
Ils sont au nombre de 4 et le plus connu est le tendon sus épineux. Il est fréquemment impliqué dans les ruptures. Les tendons de la coiffe glissent dans un tunnel serré et certaines personnes ont ce tunnel plus serré que d’autres en raison d’un bec ou d’une arrête sur un os appelé l’acromion. Les tendons se fragilisent avec l’âge, le plus souvent après une longue période de tendinite.
La déchirure est donc liée à une usure naturelle dûe à l’âge, mais un traumatisme récent peut venir aggraver une atteinte pré-existante (tendon fragilisé par un certain degré de dégénérescence). Par conséquent, cette maladie se manifeste à partir de 50 ans avec une plus grande fréquence entre 60 et 70 ans.
QU'EST-CE-QUE LA DÉCHIRURE OU LA RUPTURE ?
C’est un arrachement du tendon qui se fixe habituellement sur l’os.
Le tendon se déchire comme une corde qui frotte sur une arête et qui lâche après la rupture de toutes ses fibres. Il se retrouve alors à distance et ne peut plus jouer son rôle.
LES
SYMPTÔMES
Quels sont les signes ?
La déchirure d’un tendon de la coiffe altère le fonctionnement de l’épaule, ce qui entraine une perte de la force et des douleurs.
La douleur : Elle est typiquement à l’épaule avec des irradiations dans le bras et parfois le coude. Elle est fréquemment nocturne, empêchant même de dormir. Elle peut être déclenchée par un mouvement. Durant la journée, les gestes de la vie quotidienne (se coiffer, s’habiller…) deviennent difficiles et douloureux. Ces douleurs, calmées par le repos sont augmentées par tous les travaux réalisés au-dessus du plan des épaules (taille-haie, peindre un plafond…).
Une diminution de la force de l’épaule : En général, il n’y a pas de difficulté pour les gestes situés au niveau de la ceinture, mais dès que l’on veut lever un objet, le déficit de force se faire ressentir comme l’impossibilité de tenir un objet à bout de bras.
Une diminution progressive de mobilités : On peut tout de même lever le bras en compensant par d’autres muscles au niveau de l’épaule et notamment le deltoïde.
La rupture du long biceps se caractérise par un bras globuleux, ressemblant à celui de Popeye.
À noter que tous ces signes peuvent être absents et il n’y a pas de relation entre les lésions de la coiffe et l’importance des symptômes. Un patient peut avoir une coiffe totalement rompue et n’avoir jamais eu aucune douleur.
Que fait le médecin ?
Le médecin (généraliste, médecin du sport, rhumatologue ou chirurgien) recherche tous les signes décrits précédemment et un examen précis permettra de suspecter la rupture d’un ou plusieurs tendons de la coiffe.
Au début, la suspicion de déchirure de tendon nécessite la prescription du couple radio-échographie car d’autres maladies de l’épaule peuvent provoquer des symptômes similaires (tendinite, calcification, capsulite…). La radio ne montre pas les tendons mais elle permet de s’assurer qu’il n’y a ni usure du cartilage (arthrose) ni calcification. Elle peut montrer le bec osseux qui coupe les tendons. L’échographie est de plus en plus performante pour voir la déchirure tendineuse.
Par la suite, si le traitement est peu efficace, l’arthroscanner permet d’évaluer la taille exacte de la déchirure et le nombre de tendons lésés. Cet examen nécessite une injection d’iode dans l’articulation. Une infiltration de cortisone est souvent pratiquée en même temps. L’IRM est un peu moins performante que l’arthroscanner.
Que se passe-t-il si le problème n’est pas traité ?
L’évolution se fait progressivement vers une rétraction des tendons avec la persistance de douleurs, d’une gêne dans les mouvements et d’une perte de la force. Parfois, l’épaule s’adapte à cette déchirure grâce à la compensation par d’autres muscles. La douleur et la gêne deviennent supportables. Cette adaptation est parfois suffisante chez les personnes sédentaires ayant une déchirure d’un seul tendon. Quoi qu’il en soit, la surveillance doit être régulière, car avec le temps, la taille de la déchirure tend à augmenter de telle sorte qu’au bout d’un certain nombre d’années, la rupture devient irréparable tant l’extrémité du tendon s’est éloignée de son attache d’origine en se rétractant comme un élastique.
LE
TRAITEMENT
Le traitement est d’abord non chirurgical
- Les antalgiques et les anti-inflammatoires
- La rééducation est toujours indispensable. Elle a pour but d’atténuer la douleur, de renforcer les muscles épargnés par la déchirure et surtout d’obtenir une épaule souple, condition indispensable pour réaliser une intervention chirurgicale.
- L’infiltration de produit à base de cortisone permet également d’obtenir un soulagement des douleurs.
Traitement chirurgical : « épaule bien coiffée, récupération assurée »
L’intervention se fait sous anesthésie générale. Elle se déroule au bloc opératoire dans des conditions rigoureusement stériles.
Différents gestes sont réalisés :
- Supprimer le bec ou l’arrête de l’acromion (acromioplastie), et enlever la bursite (bursectomie).
- En cas de tendons de bonne vitalité, sans atrophie, je les rattache à l’os par des fils passés à travers des petits tunnels et par l’utilisation d’ancres enfouies.
- En cas de tendons atrophiés et dégénératifs, la suture est souvent illusoire. Une greffe à partir des muscles voisins pourrait être nécessaire pour colmater la brèche et combler le manque.
L’intervention dure entre 60 et 90 minutes et, après environ une heure d’observation en salle de réveil, vous êtes reconduit dans votre chambre.
LES RISQUES SPÉCIFIQUES
Les risques incluent une infection postopératoire, une douleur persistante, une perte de force dans l'épaule, une raideur articulaire, une blessure aux nerfs, une récidive de la rupture et une cicatrisation hypertrophique. Il est important de noter que ces risques peuvent varier en fonction de l'état de santé du patient et des caractéristiques de la procédure. Votre chirurgien discutera avec vous des risques potentiels avant l'intervention chirurgicale.
APRÈS L’INTERVENTION
Dès votre retour dans votre chambre, un traitement de la douleur est mis en place.
Les pansements sont effectués deux fois par semaine.
L’immobilisation post opératoire par une attelle appelée « coussin d’abduction » permet de soulager l’épaule du poids du bras et de l’avant-bras. Ce coussin doit être porté pendant 6 semaines.
La rééducation est pratiquée dès les premiers jours, de manière passive, c’est-à-dire que le kiné, lui seul, mobilisera doucement l’épaule, sans aucun effort de votre part. Une rééducation rigoureuse est fondamentale pour obtenir un bon résultat.
En chirurgie de la coiffe, le mérite d’un bon résultat va à 50% au chirurgien et à 50% au couple patient/kinésithérapeute.
Le résultat se juge à 6 mois et la récupération d’une excellente mobilité d’épaule est longue et peut parfois prendre un an.